Cette histoire pourrait commencer comme un conte de fées “Il était une fois…”
Eh bien, c’était il n’y a pas si longtemps. Et bien sûr, pas dans un endroit lointain, ou un royaume fantaisiste.
L’histoire du cannabis médicinal est un sujet fascinant, et elle fait l’objet d’études par des centaines d’experts dans le monde entier.
Beaucoup de gens ne savent pas cela, mais le cannabis a connu un grand succès dans les pharmacies au cours du XIXe siècle aux États-Unis.
Qui n’a jamais vu ces étranges vieilles bouteilles où, manifestement, on peut lire les mots “Cannabis” ou même “infusion de la marijuana” en grosses lettres ?
L’origine de ce succès, qui a duré jusqu’au début du XXe siècle, prend racine en Europe et mène à un médecin irlandais : Sir William Brooke O’Shaughnessy.
Ce gentleman a été chirurgien assistant pendant l’ère de l’Empire britannique dans la ville indienne de Calcutta, et a commencé à tester les usages thérapeutiques du cannabis dans les années 1830.
Ce médecin s’est rendu compte qu’en Inde, la plante de cannabis était utilisée depuis des siècles chez les indigènes, et a décidé de l’essayer, afin d’aider les patients avec divers symptômes comme l’insomnie, la douleur chronique, la pneumonie…
O’Shaughnessy pensait surtout que le cannabis sativa pouvait être utilisé comme un anti-convulsif puissant (et bon marché) pour de nombreuses affections cliniques.
Il a commencé à écrire sur les bienfaits du cannabis sativa et dérivés du chanvre. Des informations sur l’utilisation de la plante sont arrivées en Angleterre et Sir William a commencé à jouir d’une certaine renommée.
En 1860, la Société Médicale de l’Ohio a commencé à publier des articles et des conférences consacrées à l’étude du travail de O’Shaughnessy affirmant que l’utilisation de cannabis sativa en tant que médicament devrait être plus répandue.
Bien que les produits issus du chanvre étaient déjà utilisés comme médicament, c’est à partir de cette date qu’a commencé une concurrence entre les différents laboratoires et entreprises pharmaceutiques aux États-Unis.
Les frères Lloyd ont conçu une infusion de cannabis sativa pour traiter la dépression. D’autres remèdes populaires, tels que ceux de Wm. S. Merrell affichaient clairement sur l’étiquette “Cannabis Indio” et étaient recommandés pour les crampes menstruelles, les infections urinaires, l’insomnie et l’alcoolisme.
L’ironie de ce concept réside dans le fait que beaucoup de ces produits contiennent une quantité d’alcool de plus de 70 %, dans lequel le cannabis a été dilué.
C’était le cas, par exemple, de “Fluid Extract of Cannabis Number 96” fabriqué par les Laboratoires Lilly qui contenait 80 % d’alcool.
La popularité de ces produits a chuté fortement à partir de 1906. Cette année, le Congrès des États-Unis a appliqué un certain nombre de régulations pour les États obligeant les opiacés et autres drogues à être étiquetés d’une manière spéciale, et leur vente réservée au public.
Déjà dans les années 1920, le cannabis devenait pratiquement illégal. Ensuite, dans les années 40 et 50, il ferait l’objet d’une persécution sans pitié de la part des autorités pour des raisons d’intérêt économique de quelques grandes entreprises, à cause de l’ignorance, et afin de faire sensation.
Mais c’est une autre histoire…